"Il faut cultiver notre jardin"

lundi 25 mai 2015

Quand la ministre s'inspire de l'Histoire....

CALIGULA AVAIT DÉJÀ EU LA MÊME IDÉE...

« Il conçut aussi la pensée d'anéantir les poèmes d'Homère. " Pourquoi, disait-il, n'userais-je point du même droit que Platon qui le bannit de sa république ? "
Peu s'en fallut qu'il n'enlevât de toutes les bibliothèques les écrits et les portraits de Virgile et de Tite-Live. Il trouvait l'un sans génie et sans science, et l'autre un historien verbeux et inexact. »
Suétone, Vie des douze César

vendredi 22 mai 2015

Le dernier Gaëlle Josse

Autant prévenir tout de suite : Gaëlle Josse est un auteur que j'apprécie particulièrement. Et je ne suis pas déçue par son dernier opus.
Nouvelle maison d'édition (Notabilia - éditions noir sur blanc) et très jolie couverture. 
Directeur d'Ellis Island, John Mitchell couche sur le papier ses souvenirs du centre d'immigration. Le 3 novembre 1954, il est le dernier à quitter cette île, sorte de navire à la dérive. Et il raconte, il se raconte sur des feuillets, comme pour finir de mettre au clair ce qu'il a accompli dans ce lieu dont il est la mémoire.
Son journal relate sa vie passée à accueillir les migrants, à les trier, à les renvoyer lorsqu'ils représentaient un danger pour la "pureté" des Etats-Unis (pas de communistes, ni de terroristes, ni de délinquants....).
Les souvenirs remontent à la surface, les bons, comme les mauvais, les récents comme les plus anciens. Les morts et les vivants reviennent le visiter voire le hanter : prennent alors corps sous ses mots Liz son épouse adorée, Nella la jeune italienne sauvage et son frère autiste, Arne Peterssen, le marin norvégien....
John raconte sans fard son expérience : comment il a gravi les échelons, la discipline qu'il se devait de faire régner, sa gestion hors-pair des vagues d'immigrés et de leur lot de maladies, d'épidémies, les décisions à prendre, la nécessité de ne pas transgresser les règles et puis aussi la solitude, le faux pas, les remords, les regrets, le vide...... 
C'est avec brio et une écriture simple, fluide et ciselée à la fois que Gaëlle Josse nous entraîne sur ce navire déserté que représente Ellis Island : on suit John Mitchell dans ses inspections, on ressent sa solitude, son désarroi face aux décisions terribles à prendre, on comprend son attirance pour la jeune italienne et on ne peut s'empêcher de le blâmer à la fois. Ce livre tisse une partition toute en douceur pour faire entendre les passions humaines et nous entraîner dans les tréfonds de l'âme d'un homme profondément seul et humain.
Un très beau texte qui même l'intime et l'universel, la petite et la grande Histoire. Bref, Le dernier gardien d'Ellis Island est à conseiller fortement. 
Gaëlle Josse a souhaité associer ses lecteurs à la genèse de son écriture en partageant avec eux photos, musique qui ont précédé son livre : http://derniergardienellis.tumblr.com/

vendredi 15 mai 2015

En vrac


 




Et oui, le temps passe et il n'est pas toujours aisé de tenir le compte des ouvrages lus ou de prendre le temps d'en rédiger des critiques, même menues.....

La part des nuages de Thomas Vinau : Joseph 37 ans se sépare de sa compagne et essaie tant bien que mal d'encaisser le coup. Il s'occupe vaille que vaille de son petit Noé. Un jour, en l'absence de celui-ci - pendant les vacances - il répond à une impulsion et s'invente en Baron perché. C'est ainsi qu'il apprend à réanimer ses rêves. Un très joli texte. 

La femme aux fleurs de papiers de Donato Carisi. Deux parcours a priori sans rapport : celui d'un passager du Titanic et celui d'un soldat italien fait prisonnier en avril 1916. Ou comment une conversation peut entraîner l'auditeur/le lecteur dans des eaux troubles et mystérieuses. Très agréable. 
La dernière fugitive de Tracy Chevalier. J'adore cet auteur et ne me lasse pas de découvrir chacun de ces textes. 1850, Etats-Unis, communauté quaker et ses règles rudes. Honor accompagne sa soeur Grace qui décède de fièvre jaune. Elle poursuit son voyage et rejoint la communauté quaker. T.Chevalier, conteuse hors pair, nous immerge dans cette Amérique sauvage des débuts, dans cette communauté rigoriste et nous fait comprendre ce que "déracinement" veut dire mais aussi émancipation. Une nouvelle figure féminine vient s'inscrire sur la longue liste de ses héroïnes attachantes et courageuses.

samedi 2 mai 2015

Le dernier Nicolas Le Floch

La pyramide de glace nous transporte dans le Paris de 1784. C'est l'hiver, il fait un froid de gueux et les esprits s'échauffent contre le couple royal. 
A la faveur du dégel, l'un des monticules de glace, élevés par le peuple pour remercier le roi de sa charité, laisse échapper de sa gangue le corps nu d'une femme morte. C'est le début d'une enquête pleine de rebondissements qui mêle sosie de la reine, vol de porcelaine, complot contre le roi et figures hautes en couleurs - Cagliostro et Restif de la Bretonne. 
Cette nouvelle aventure permet de s'attarder sur le libertinage des puissants qui dépensent sans compter pour satisfaire leurs désirs mais aussi sur le mépris de certains à l'égard du bas-peuple.
Une intrigue complexe (sur terre et sous terre) qui offre une vision assez inquiétante du Paris de l'époque : la France va mal et cela se ressent dans les faubourgs.  Et l'on comprend très bien que J.F. Parot, en plus de nous régaler d'une nouvelle enquête, entreprend de décrire le creuset des idées révolutionnaires incarnées par le fidèle Bourdeau. Notre Nicolas est, en effet, écartelé entre sa fidélité au roi et au système monarchique, ses origines et son amitié pour le peuple. Ca nous promet des volumes futurs intéressants.
Une lecture plaisante, une intrigue bien menée et des pages succulentes quand il s'agit de décrire par le menu les agapes du commissaire et de ses amis.