"Il faut cultiver notre jardin"

vendredi 30 janvier 2015

Dans les yeux des autres

Geneviève Brisac nous emmène dans le Paris des années 70. Deux soeurs, Anna et Molly, s'engagent pour faire triompher leur idéal de justice. Elles rêvent d'un monde meilleur, d'une révolution mais les lendemains déchanteront. Après l'euphorie des combats viennent la désillusion et l'échec. Leur voyage au Mexique en compagnie de Boris et Marek, leurs camarades et amants, se solde par un retour peu glorieux en France et la dislocation du groupe. La solidarité entre les soeurs s'est émoussée au contact de la réalité : quand l'une rêve de révolution dans et par les mots, l'autre pense que se révolter c'est au quotidien. Conception éthérée vs réalisme et lucidité : Anna et Molly ne se comprennent plus d'autant que la première a puisé dans leur vie la matière d'un roman qui a connu un succès fulgurant mais a été ressenti comme une trahison par les amis et la famille.
Molly est devenue médecin, vit avec Boris qui milite dans une association pour le droit au logement. Anna, elle, est perdue, elle flotte et ne sait plus où elle en est.  Elle se replonge dans ses carnets de jeunesse : le rouge pour la politique, le bleu pour les autres, le noir pour sa mère.
Révolution, identité, littérature, éducation sentimentale.... tels sont les thèmes brassés dans ce roman par Geneviève Brisac qui nous livre un ouvrage bien écrit mais dont les personnages manquent finalement de relief et de mordant. 

jeudi 15 janvier 2015

Le parfum des livres que nous avons aimés

Un hommage à la littérature et à ses vertus. Ou comment la lecture permet de se dire des choses, de développer une belle complicité mais aussi d'apprivoiser le monde et les événements qui nous arrivent.
Ce roman raconte l'histoire d'une mère et de son fils, fervents lecteurs, qui vont utiliser la littérature comme dérivatif face à la maladie, comme un moyen d'évasion face au cancer. "Qu’est-ce que tu lis ?" C’est avec cette question que l’éditeur Will Schwalbe et sa mère, Mary Ann, brisent la glace chaque fois qu’ils se retrouvent à l’hôpital où cette dernière, atteinte d’un cancer du pancréas, doit subir des examens. C'est ainsi que naît leur club de lecture très privé (constitué de deux membres) où chacun conseille à l'autre des titres.
De Bilbo le Hobbit à La Reine des lectrices, de Mille Soleils splendides à Suite française, des Piliers de la terre à La Montagne magique, Will et Mary Ann dévorent les livres. Leurs échanges les rapprochent, éloignent la maladie, repoussent l'échéance ultime et les livres deviennent les supports de réflexions sur la vie où ils se dévoilent, s'avouent leurs pensées intimes, discutent de la vie, de la mort. Leur éclectisme est gage de leur culture et de leur curiosité intellectuelle, véritable moteur de l'intrigue. En même temps qu'il raconte son combat contre la maladie, Will Schwalbe fait le portrait de sa mère, féministe engagée et pionnière, engagée dans l'humanitaire, notamment en Afghanistan, où elle a fait construire la première bibliothèque de Kaboul. Une femme exceptionnelle de lucidité, de courage et d'humanité.
Une belle déclaration d'amour à sa mère et à la littérature. Jamais mièvre - ce dont j'avais peur. 

mercredi 7 janvier 2015

samedi 3 janvier 2015


jeudi 1 janvier 2015

Un jeune auteur prometteur

Adrien Bosc livre son premier opus avec Constellation. Il choisit de revenir sur la disparition, le 28 octobre 1949, d'un avion d'Air France qui emmenait à son bord Marcel Cerdan, entre autre vedette. Le Constellation, nouvel avion de la compagnie, ne répond plus à la tour de contrôle et disparaît alors qu'il amorce sa descente sur Santa Maria, île des Açores. Aucun survivant, avion explosé, débris balayés dans la Montagne sur laquelle il s'est encastré. L'avion des stars s'est crashé.
On aurait pu craindre la tentation du pathos et de la starisation mais l'auteur évite de tomber dans ce piège. En effet, loin de ne s'attacher qu'aux silhouettes des fantômes célèbres qui hantent ce vol funeste (Marcel Cerdan, l'amant boxeur d'Edith Piaf; Ginette Neveu, la musicienne prodige), Adrien Bosc se pose la question du pourquoi, du hasard et mène l'enquête sur l'enchaînement des circonstances qui a conduit à la catastrophe. Mais il brosse aussi le portrait des autres voyageurs et offre à ces hommes et ces femmes disparus (48 au total)
un tombeau littéraire délicat et sensible. Loin d'en faire des martyrs, il les évoque vivants, avec leurs projets, leurs espoirs. Ce ne sont donc pas des corps meurtris mais comme une myriade d'étoiles lumineuses, de constellations que l'auteur ranime.
C'est plutôt bien écrit (le style est plutôt simple, sobre, sans trop d'effets), certains passages (plus personnels) semblent de trop vers la fin mais l'idée d'effectuer des allers et retours incessants entre l'avion, l'accident et les recherches et l'évocation des passagers est bien trouvée. Et le récit habilement mené.
Attendons son deuxième roman.......