Quel plaisir de renouer avec la plume de JMG Le Clézio ! Cela faisait longtemps que j'avais envie de me plonger dans cet ouvrage qui me narguait sur sa pile dans mon bureau.
Et, décidément, Ritournelle de la faim est un très bel hommage à sa mère qui a peut-être inspiré le personnage d'Ethel.
Celle-ci appartient à une famille bourgeoise, d'origine mauritienne, dont les parents reçoivent beaucoup mais se déchirent beaucoup également. Ethel, quant à elle, découvre les joies d'une amitié intense avec Xénia, réfugiée de la révolution russe avec sa mère et ses soeurs. Leurs rencontres, leurs échanges sont sources d'émerveillement toujours renouvelés pour Ethel mais cette amitié lui laissera un goût bien amer quand sa jolie amie slave s'éloignera et lui annoncera ses fiançailles.
A la mort de son grand-oncle, Monsieur Soliman, l'avenir de la jeune fille semble assuré... mais c'est sans compter sur Alexandre, le père, dont la légèreté l'amène à spolier sa fille. La descente aux enfers commence alors pour la famille : les dettes s'accumulent, les huissiers assiègent la maison, les pseudo-amis disparaissent et, à cela, s'ajoute la guerre. La Côte d'Azur devient le refuge d'une famille qui a perdu de sa superbe mais Ethel résiste et essaye de profiter de la plage, de la lumière, de vivre, tout simplement....
Qu'il est difficile de mettre des mots sur une prose poétique et solaire qui nous emporte dans le tourbillon de l'histoire ! Un livre superbe qui n'épargne pas les bourgeois des années 30, recroquevillés sur leurs convictions nationalistes et plein de rancoeur. Si Le Clézio souligne la noirceur d'âme de certains, il n'en choisit pas moins de faire triompher les coeurs purs sans jamais sombrer dans le mélo ou le pathos.
Un bien beau portrait de femme !