"Il faut cultiver notre jardin"

samedi 29 août 2020

Intérieur nord

 De Marcus Malte, j'avais adoré Le garçon. Son nouvel opus n'étant pas disponible dans ma librairie, je me rabats sur ce recueil de quatre nouvelles. Peu férue de ce genre de format d'ordinaire, j'ai été emportée par la lecture de cet auteur une fois de plus.

Quatre histoires d'hommes confrontés à l'absence : un berger, un père, un fils et un représentant de commerce. Trois femmes que l'on essaye de cerner, quatre hommes seuls et profondément tristes qui tentent de rester debout face aux drames de la vie. 

Sur les pentes enneigées au milieu des chiens de traîneaux, on s'arrête au "Pas du Paradis", on suit les virées nocturnes d'un jardinier -justicier, on accompagne des retrouvailles sobres mais fortes avec une mère qui s'est abîmée dans l'alcool et l'on veut croire au miracle de l'amour avec Lucien, ébloui, pendant quelques mois, par la fulgurance de Jeanne. 

Ces hommes souffrent et reviennent sur leurs souvenirs avec pudeur et dignité, ils tentent de survivre dans le désastre de leur existence, abandonnés par l'amour.

C'est incisif, beau et touchant.

vendredi 28 août 2020

Les larmes de Tarzan

De Katarina Mazetti j'avais déjà lu Le mec de la tombe d'à côté, Le caveau de famille, Le viking qui voulait épouser la fille de la soie...... Une amie me glisse ce titre : j'ouvre et je dévore. De nouveau un couple loufoque et improbable, de nouveau une intrigue rondement menée, de nouveau de l'humour et une certaine légèreté... même si le propos est sérieux par endroits.

Mariana et Janne se rencontrent de manière fracassante : elle lui tombe littéralement dessus depuis une corde à singes. Il la surnomme d'ailleurs Tarzan. Entre les deux, un gouffre social.  

Mère célibataire, elle élève seule deux enfants et peine à nourrir sa petite famille du fait de fins de mois asphyxiantes. Optimiste, elle souhaite au fond d'elle-même le retour du père de ses deux jeunes enfants (morveux, pisseux et vomitifs) : fantasque et illuminé, il semble en rupture totale avec la réalité et se soigne dans une unité psychiatrique. Lui, il roule en Lamborghini, papillonne sans s'engager avec de jeunes femmes cadres, élégantes et dynamiques, et déteste que des marmots salissent les sièges en cuir de sa voiture de sport.
Ces deux-là peuvent-ils s'aimer ? Et si, malgré l'abîme qui les sépare, ils s'attachent l'un à l'autre, sauront-ils vivre une relation décomplexée qui fera fi des conventions et des barrières sociales ?Tel est le propos du roman.

Il se lit très vite et offre des passages savoureux (la première visite, les glaces et la discussion avec la voisine, le cadeau de la robe verte, le repas au Burger King.....). Les deux personnages se cherchent, s'apprivoisent, tentent d'annuler la distance qui existe entre eux. Car oui ils ne placent pas le curseur au même endroit : si certaines choses paraissent ordinaires et simples pour Janne, elles ne le sont pas forcément pour Tarzan et inversement. Ce roman parle des fins de mois difficiles (les 30 derniers jours...), de la difficulté d'être une mère célibataire, de la dignité des pauvres, de la confiance que l'on a dans autrui, de la difficulté à sortir de son milieu.... mais il rappelle aussi que l'argent ne fait pas le bonheur et que, seuls les véritables sentiments comptent. Un tel résumé peut sembler simpliste, ce roman à la narration alertene l'est pas et on passe un bon moment même si certaines ficelles narratives semblent un peu "réchauffées".