"Il faut cultiver notre jardin"

samedi 21 mars 2020

La panthère des neiges

Sylvain Tesson aime les défis, en voici un qui nous emmène jusqu'au Tibet, sur des hauts plateaux à plus de 6.000 mètres d'altitude et dans un froid glacial approchant souvent les –34°. Pourquoi donc ? pour approcher et voir un animal mythique dont il reste moins de 6.000 spécimens !
"- Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J'y retourne cet hiver, je t'emmène.
-Qui est-ce ?
-La panthère des neiges. Une ombre magnifique !
-Je pensais qu'elle avait disparu, dis-je.
-C'est ce qu'elle fait croire."  
Ces lieux où se trouve cette reine, ce magnifique animal, se situent entre la Mongolie et le Tibet. C'est là que Tesson et le fabuleux photographe animalier Vincent Munier nous emmènent. Ils ne vont cesser d'arpenter des étendues balayées par le vent, faire l'ascension de pentes raides, d'organiser des affûts pour tenter - ne serait-ce qu'une fois - de voir la sérénissime se montrer. Sauf que nous, nous restons bien au chaud, lovés sur nos canapés ou installés sous nos couettes ! 
Et le voyage en vaut la peine, nous découvrons l'affût, les ascensions,  les roches enneigées, un monde rude et peu hospitalier, les bivouacs non loin des yacks et des loups. Véritable invitation à (re)découvrir la nature, à observer le vivant, à s'effacer en tant qu'être humain, cet ouvrage célèbre la force de la nature et nous invite à préserver ce qui peut encore l'être. Et notamment, des animaux plus que rares, en danger car menacés de disparition.

"J'avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde avant de prétendre à le transformer. Elle invitait à s’asseoir devant la scène, à jouir du spectacle, fut-il un frémissement de feuille."

Puissance et grâce du style, courts chapitres denses qu'il faut prendre le temps de savourer pour ce qu'ils sont, Sylvain Tesson manie humour, calembours, aphorisme pour nous livrer des réflexions puissantes et justes, toujours imprégnées d'une grande lucidité.

"Je venais de le comprendre : le jardin de l'homme est peuplé de présences. Elles ne nous veulent pas de mal mais elles nous tiennent à l’œil. Rien de ce que nous accomplissons n'échappera à leur vigilance."
Le récit se termine en Chine à Chengdu sur des réflexions qui peuvent faire écho à la situation inédite que nous vivons. Je vous laisse méditer.....
"La Terre avait été un musée sublime.
Par malheur, l'homme n'était pas conservateur"
"Nous en avions fini avec la Terre.
L'univers allait à préset apprendre à connaître l'homme.
L'ombre gagnait.
Adieu panthères !"

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