"Il faut cultiver notre jardin"

samedi 12 décembre 2020

Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla

 Retrouver Jean-Christophe Rufin est toujours un plaisir.

Cette fois-ci il nous conte l'histoire d'un éternel recommencement : Edgar et Ludmilla auront, en effet, passé une bonne partie de leur vie à se marier et à divorcer. Tout commence de manière rocambolesque avec leur rencontre improbable en Russie quand Ludmilla s'est réfugiée nue en haut d'un arbre (et leurs retrouvailles tout aussi improbables). On comprend dès lors que Rufin nous offre un conte, une fable sur l'amour et les difficultés d'aimer, et surtout les difficultés de toujours aimer de manière intense. Edgar et Ludmilla se sont donc mariés dans des lieux variés et à l'image de leurs tribulations (amoureuses, humaines et sociales) : consulats, mairies de quartier, cathédrale, chapelles du bout du monde. Ils n'ont jamais cessé de s'aimer mais n'ont jamais aussi cessé de courir après l'amour vrai, l'amour fou. Et cela passe par l'amour vache, l'amour froid, l'amour à distance. Exilée fantasque, aventurier charmeur et escroc, le couple ne manque pas de panache. Ludmilla finira par percer dans le monde de l'opéra et deviendra une grande cantatrice qui se produira sur de nombreuses scènes. Edgar, lui, est prêt à prendre une revanche sur le monde et n'hésite pas, pour ce faire, à monter des coups. A force d'être sur la corde raide, ils entraînent tous deux leur couple dans des tribulations dignes des montagnes russes. L'auteur, qui prétend avoir recueilli les confidences de ses beaux-parents, nous livre avec une certaine jubilation une traversée des années soixante à nos jours, doublée d'une réflexion sur la vie de couple. Une joyeuse épopée, un opéra tragi-comique, une lecture agréable portée par le style de Rufin. Peut-être un peu répétitif par moments mais on se prend au jeu à se demander ce que ces deux tourtereaux vont encore trouver comme bonne raison pour se séparer.... et se retrouver. Le dernier mariage est, de loin, le plus beau, le plus intime (malgré le nombre d’invités - autant de témoins de toute leur vie).

"Pour eux, c'était en somme : "ni avec toi, ni sans toi". A cause de cette impossibilité, ils ont inventé une autre manière de s'aimer. Pour tenter de percer leur mystère, je les ai suivis partout, de Russie jusqu'en Amérique, du Maroc à l'Afrique du Sud. J'ai consulté les archives et reconstitué les étapes de leur vie pendant un demi-siècle palpitant, de l'après-guerre jusqu'aux années 2000. Surtout, je suis le seul à avoir recueilli leurs confidences, au point de savoir à peu près tout sur eux. Parfois, je me demande même s'ils existeraient sans moi", Jean-Christophe Rufin.

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