En finir avec Eddy Bellegueule est un un premier roman, fort, dérangeant, d'aucuns diront malsain.
Le jeune auteur, Edouard Louis, s'inspire peut-être de sa vie et nous fait plonger dans la violence quotidienne qui s'exerce contre les "pédés". Car telle est l'étiquette dont il se voit affublé très tôt. Coups de poings, insultes, crachats, viols (plus ou moins consentis), il ne nous épargne rien. Il raconte les mauvais traitements quotidiens qu'il subit avec un certain masochisme peut-être. Comme s'il voulait éprouver jusque dans son corps la haine liée à sa différence. Parce que lui, il est plus délicat que les grands dadets de son entourage, il est soucieux de son hygiène, d'une certaine éducation, ne se débrouille pas si mal que ça à l'école. Face à lui : un père violent et alcoolique, une mère simplette, un frère et une soeur
qui sont rentrés dans le moule de leur milieu beauf et peu reluisant,
des fins de mois plus que difficiles, le manque d'argent, l'omniprésence
de la TV, des flots d'alcool et de grossièretés...... C'est presque du Zola du XXIè
siècle ! En attendant de fuir cette précarité et ce milieu, d'échapper à ce déterminisme social, il encaisse les coups, les mots qui font mal. Il encaisse comme pour tester ce corps dont il pense, au début, qu'il le lâche. Et ce qui prend à la gorge c'est le fait que tout ça, ça existe vraiment ! Elle n'est pas belle la Picardie de son enfance, il est très laid ce village où les conversations ont des relents xénophobes, où l'ambition semble avoir déserté..... Avec Eddy, on touche le fond de la misère sociale, culturelle, on en prend plein la g.......
Entretien Télérama avec Edouard Louis
Entretien Télérama avec Edouard Louis