Eté 1918, une photo capture un moment de joie (de répit) après la guerre. Des années après, Marcel contemple les visages qui ne sont plus là et le cliché sur lequel il n'apparaît pas encore. Première image symbolique de ce qu'est la vie humaine qui passe, laisse des traces qui s'effacent inexorablement.
De fils blessé, mari fataliste, Marcel est devenu père absent puis grand-père injuste. Mais c'est son petit-fils, Mathieu, dont on va suivre le parcours - à l'ombre de celui du grand-père et du père. Jérôme Ferrari nous entraîne donc dans le sillage de plusieurs générations et nous rappelle que les mondes crées par l'homme sont comme condamnés/voués à disparaître malgré leurs efforts, leur bonne volonté. Petitesse humaine ? fragilité terrestre ? orgueil démesuré ? A chacun d'y trouver sa réponse.
Dans un village corse perché dans les hauteurs, deux jeunes gens abandonnent leurs études (plutôt brillantes pour Libéro) de philosophie et décident de reprendre le bar local. Ils ont le sentiment qu'ils peuvent y créer le "meilleur des mondes possibles" et s'accomplir sur cette terre qu'ils sentent leur. Le projet prend forme, le bar revit, la vie y est douce et les esprits et les corps y trouvent leur repos. Insensiblement, pourtant, les choses se dérèglent : après l'akmé c'est la chute, c'est l'enfer ! Mathieu et Libéro ouvrent la boîte de Pandore et rien ne sera plus jamais comme avant.
Dans cet ouvrage (prix Goncourt 2012), Jérôme Ferrari nous invite - sans jamais s'ériger en donneur de leçons - à réfléchir à ce que sont nos rêves, nos projets de vie. Une très belle écriture qui nous porte du début à la fin d'un roman fort et puissant. Une histoire assez noire et pessimiste néanmoins.
Le Sermon sur la chute de Rome a été prononcé par saint Augustin, en 410, dans la cathédrale disparue d'Hippone, avec le message : « Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt.»
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