Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la très jeune Amory Clay se
voit offrir par son oncle Greville un appareil photo et quelques
conseils rudimentaires pour s’en servir. Elle ignore alors que c’est le
déclencheur d’une passion qui façonnera irrévocablement sa vie future.
William Boyd nous entraîne à la suite de la vie tumultueuse et remplie d'Amory Clay, photographe prometteuse et toujours sur la brèche. Née en 1908, disparue en 1978, Amory a la bougeotte : impossible de rester dans le cadre ! Berlin, Paris, Londres, le Vietnam, les USA, tel est son terrain de jeu. C'est tout le XXè siècle qui défile dans viseur : lendemain de la 1ère guerre et rationnement, plongée dans le milieu interlope de Berlin, montée du fascisme (elle se fait tabasser à Londres), journaliste de guerre en Europe avant le débarquement, journaliste accréditée au Vietnam..... Elle a tout vu, tout vécu, Amory. Le récit est ponctué de clichés qu'elle prend, n'hésitant pas à rivaliser d'imagination pour prendre des photos à la dérobée (ah, les sacs à mains !). Et ses mains tiennent des appareils aux noms qui font rêver : Box Brownie, 2A Kodak Junior à soufflet, Butcher Klimax, Ensignette, Voigtländer, Zeiss Contax, Leica. Bien équipée ! Au fil des pages, au gré des planches contact et des tirages se dessine les contours tantôt nets tantôt flous de son parcours. Les pages se tournent comme celles d'un album de souvenirs. Car, oui, Boyd cède à la tentation de la narration croisée passé/présent mais, heureusement, il fait cela avec doigté, précision. Ce faisant, il nous embarque dans l'univers des femmes photographes qui témoignent d'une époque. Et l'on croit à sa construction littéraire. car il s'agit bien de cela : Boyd crée, invente, fait naître une femme hybride mélange de ces Margaret Bourke-White, Lee Miller et autres hussardes de la photographie. Un être "fictif parce qu'inventé, concret parce que produit par des vies réelles". C'est là tout le brio de l'auteur.
C'est non seulement un bel hommage à cet art et à sa technique mais aussi un bien beau portrait de femme. Amory est vive, fringante, libre, touchante et vivante. Un très bon roman.
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