C'est l'été, certes, mais quand on est prof on reste à l'affût de lectures pour ses élèves. A quelques semaines de la mise en oeuvre des nouveaux programmes de français, je me plonge dans le roman de Chahdortt Djavann, Comment peut-on être français ?.
J'y fais la connaissance de Roxane, jeune iranienne de 22 ans qui débarque à Paris, bien décidée à s'y installer. Volontaire, courageuse et obstinée, Roxane s'impose dès les premières pages. Elle nous raconte son parcours du combattant pour apprendre les premiers rudiments du français mais aussi le plaisir de fouler les allées du Luxembourg, de manger en terrasse un jambon-beurre accompagné d'un verre de vin rouge, d'enfourcher un vélo pour découvrir les rues de Paris. Le temps de la découverte est suivi de celui de la solitude, car il n'est pas aisé d'apprendre la langue de Molière ni de se faire des amis dans la capitale, ville lumières. Elle enchaîne les petits boulots, devient babby-sitter chez Julie, jeune journaliste, fait la connaissance d'un beau voisin coréen. Pour faire face au maelström d'émotions qui s'emparent d'elle et pour briser sa solitude, Roxane décide d'écrire à Montesquieu pour lui faire part de ses observations. Comme ses illustres ancêtres elle va confier à ses missives (qui lui seront, bien sûr, renvoyées !) ses étonnements, ses questions, mais aussi ses réflexions sur la différence de régime entre l'Iran et la France. Et le passé ressurgit quand Roxane aurait bien le voulu le mettre à distance. Roxane aborde la question de la place des femmes dans la société, le rôle des Mollahs, la place des enfants dans le monde occidental, la liberté en
Iran, la religion, le sport, la vie en France, la sécurité, la science,
la solitude. bel aller-retour entre la France et l'Iran et qui permet d'interroger nos deux sociétés.
Un bon roman même si je le trouve parfois déséquilibré : les 18 lettres n'arrivent qu'à une bonne moitié du roman - c'est normal me direz-vous - et la fin nous laisse sur notre faim avec une Roxane qui semble encore bien démunie et peine à concilier passé présent et futur. Peut-être est-ce parce que j'aurais voulu lire une petite note d'espoir plus nette à la fin ?
Deux citations : « Sous le regard
indifférent des gouvernements occidentaux, les autorités oppriment,
condamnent, torturent, exécutent en toute impunité. Il n'est pas de
l'honneur et de la dignité de l'Occident de s'allier avec des tyrans. Et
pourtant il le fait, l'Occident, non seulement avec ceux de l'Iran,
mais avec tous les tyrans. »
« Que peut attendre ce peuple d'une religion qui l'humilie, le torture et ne lui laisse aucun esprit de vie ? »
« Que peut attendre ce peuple d'une religion qui l'humilie, le torture et ne lui laisse aucun esprit de vie ? »
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