"Il faut cultiver notre jardin"

jeudi 26 décembre 2019

Les simples

Ce nouvel opus de Yannick Grannec nous plonge en Provence, en 1584. Grâce à elle, nous pénétrons dans l'enceinte de l’abbaye de Notre-Dame du Loup où la communauté bénédictine mène une existence vouée à Dieu et à soulager les douleurs de Ses enfants. Leur vie est réglée par les offices mais aussi par les soins à prodiguer, les tâches quotidiennes à accomplir, les indigents à soulager, les herbes et les simples (nom donné aux plantes médicinales) à ramasser. Ces religieuses doivent leur indépendance inhabituelle à la faveur d’un roi, et leur autonomie au don de leur doyenne, sœur Clémence, une herboriste dont certaines préparations de simples sont prisées jusqu’à la Cour. Le nouvel évêque de Vence, Jean de Solines, dévoré par l'ambition, compte bien s’accaparer cette manne financière. Il dépêche, pour ce faire, deux vicaires dévoués, dont le jeune et sensible Léon, pour inspecter l’abbaye. À charge pour eux d’y trouver matière à scandale ou, à défaut... d’en provoquer un. Et cela viendra beaucoup plus vite que prévu.
En apparence, ce lieu est un véritable havre de paix, de vertu et de foi. Mais le diable se cache souvent dans les détails...... Et les manœuvres de Jean de Solines vont vite allumer un feu plus brûlant que celui de l'Enfer !  En l'espace de quelques semaines, l'harmonie se lézarde, se fissure et les portes sont grandes ouvertes pour l'arrivée du Malin qui sommeille en chacun. Évêque, abbesse, moniale, sœur, seigneur, jusqu'à Fleur, l'oblate (c'est-à-dire «une enfant consacrée à Dieu et donnée par son père aux louventines).... tous ont une part du diable en eux et quand celle-ci se dévoile au grand jour, quand les prières et les pénitences n'agissent plus, c'est le tourbillon, c'est la porte ouvertes aux diableries en tout genre, aux sorcières, aux exorcismes, à l'ordalie.
L'auteur tisse à merveille les fils de son intrigue, nous dévoilant peu à peu les âmes dissimulées sous un habit de foi. Où il est question d'amour, de haine, de jalousie, d'hypocrisie, d'ambition. L'écriture est agréable, l’intrigue bien menée et l'atmosphère de ce début de Renaissance à la fois religieuse et superstitieuse parfaitement rendue. Elle campe de beaux personnages comme sœur Clémence dont la bonté et le dévouement dissimulent les attaques de l'âge. Il y a chez certains personnages la truculence de ceux de jean Teulé et dans la description du cadre en harmonie avec la nature mais aussi dans l'examen du tréfonds des âmes du Carole Martinez. Une belle lecture !

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