Étrange que de traverser la Russie en ces temps confinés, ensoleillés et immobiles quand pour Tesson et sa bande il n'est jamais question ni de temps suspendu ni de douceur printanière - bien au contraire.
Tout commence en 2012 : Sylvain Tesson décide de commémorer à sa façon
le bicentenaire de la retraite de Russie. Refaire avec ses amis (T.Goisque, C.Gras et les Russes Vitaly et Vassili) le
périple de la Grande Armée, en side-car ! De Moscou aux Invalides, plus
de quatre mille kilomètres d'aventures attendent ces aventuriers
contemporains.
«Il y a deux siècles, des mecs rêvaient d’autre chose que du haut-débit.
Ils étaient prêts à mourir pour voir scintiller les bulbes de Moscou.»
On embarque donc dans le side-car, une Oural, sur les traces de Napoléon Bonaparte et
de la Grande Armée. Période terrible de la débâcle quand, après s'être trop enfoncée
dans les terres russes, elle se voit contrainte de rebrousser chemin face à
un ennemi absent, une terre hostile et un froid de plus en plus mordant. Pénurie alimentaire, froid plus que mordant, ennemi invisible qui joue avec les nerfs, empereur qui veut rentrer à tout prix à Paris et sur un rythme effréné....... on plonge au cœur d'une tragédie humaine.
« Ils furent les grands martyrs de la Retraite. On les creva sous les charges, on les écorcha vifs, on les bouffa tout crus, à même la carcasse ou bien en quartiers, braisés au bout d'un sabre. Pour les bâfrer, on ne prenait pas l'égard de se détourner des bêtes encore vivantes. »
« Ils furent les grands martyrs de la Retraite. On les creva sous les charges, on les écorcha vifs, on les bouffa tout crus, à même la carcasse ou bien en quartiers, braisés au bout d'un sabre. Pour les bâfrer, on ne prenait pas l'égard de se détourner des bêtes encore vivantes. »
J'ai aimé ce livre car il nous fait revivre le difficile périple de la grande armée et nous plonge dans les épreuves extrêmes qu'ont du affronter des milliers de soldats et leurs bêtes. C'est avec beaucoup d'humanité que Sylvain Tesson les évoque et se les imagine, replongeant sans cesse dans les mémoires du général Caulaincourt, s'interrogeant sur la valeur de leurs exploits et la nécessité de cette soif d'expansion.
Toujours bien écrit, au style moins élaboré que d'autres textes (mais cela va bien au propos et au sujet, plus austère), ce compte-rendu de voyage permet aussi de confronter deux cultures : la russe et la française.
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