La plume alerte de Alina Bronsky nous emporte à Tchernovo. C'est là que vit Baba Dounia, octogénaire décapante et pleine d’humanité. Après la catastrophe nucléaire, elle a choisi de revenir vivre dans sa maison où elle se sent bien. Dans son jardin poussent toutes sortes de légumes à la taille parfois démesurée (et pour cause) mais elle fait fi des radiations et c'est là qu'elle entend vieillir en paix même si elle est loin de ses enfants Alexeï, Irina et sa petite fille Laura qu'elle ne voit jamais. Avec une dizaine de voisins, ils forment une petite communauté foutraque, isolée et quasi en autarcie. Parmi ces personnages hauts en couleurs - une chaleureuse hypocondriaque, un moribond fantasque et un centenaire
rêvant de convoler en justes noces - Baba Dounia fait figure de sage et c'est souvent elle qu'on consulte pour prendre des décisions. Dans ce bout de terre abandonné et irradié, tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes et le temps s'y écoule plutôt paisiblement..... jusqu'à ce que l'arrivée de deux nouveaux habitants bouleverse l'équilibre de la petite communauté.
C'est le récit d'une vie où entraide, solidarité et partage sont les maîtres mots mais c'est aussi le portrait d'une personnalité attachante, simple et profondément humaine qui, sans qu'elle le sache, va se faire connaître par-delà les frontières parce qu'elle incarne la résistance, le courage et la liberté. Le récit aurait pu être plombant vu les sujets abordés : vieillesse et décrépitude, solitude et fossé entre les générations, suites d'une catastrophe nucléaire. mais il faut compter avec l'écriture mordante, le regard moqueur et tendre de l'auteur sur ses personnages.
Un joli moment de lecture.
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