Après la saga Harry Potter, J.K.Rowling change de registre. Une place à prendre est un roman qui relève à la fois de la chronique de moeurs, du documentaire et de l'écriture réaliste. Le tout donne un résultat plutôt sombre mais toujours bien écrit.
Pagford est une petite ville anglaise, bien tranquille en apparence.... jusqu'au jour où un notable décède brutalement. Sa place au conseil paroissial est donc libre. Et là, c'est comme si les digues du savoir-être avaient lâché, les plus bas instincts vont se faire jour et les vraies figures peu à peu se révéler. En effet, toutes les manoeuvres sont bonnes pour parvenir à ses fins mais tous les protagonistes de ce drame ne poursuivent pas les mêmes objectifs, c'est dire la confusion, le bazar et les tensions qui vont surgir. Howard Mollisson est bien décidé à ce que son fils Miles remplace le défunt pour servir ses intérêts et l'honneur de sa famille; Simon Price, véritable bourreau familial, souhaiterait utiliser cette position pour se mettre de l'argent plein les poches; Colin Wall est prêt à tous les sacrifices pour reprendre le flambeau et poursuivre le combat de son ami à propos de la mixité sociale.....Les personnages féminins ne manquent pas, eux non plus, de travers, de petitesse que cela soit Ruth, femme d'Howard, véritable commère ou bien Samantha sa belle-fille qui n'en peut plus de cette vie étriquée. Parminder, médecin d'origine pakistanaise, est le fer de lance de l'opposition; elle admire ses deux aînés et méprise sa deuxième fille (Sukhvider) dyslexique et pas très jolie. Kay l'assistante sociale fraîchement arrivée de Londres pour rejoindre un insipide beau mâle (Gavin) semble un peu plus honnête que les autres mais manque clairement de lucidité. Quant aux ados, ils sont tout simplement affreux : Andrew (Arf), Stuart (Fats) sont deux garçons imbus d'eux-mêmes, en pleine découverte de leur puberté, testant toujours les limites, n'hésitant pas à harceler les plus faibles et peu respectueux (voire ignobles) à l'égard de leur parents. Krystal Weedon est une ado délurée, vulgaire et souvent grossière, notamment vis-à-vis de sa mère Terri junkie, incapable de s'occuper de son petit frère. Certes sans éducation, cash et ordurière, elle n'en demeure pas moins quelque peu attachante, notamment par son amour absolu envers son petit frère et parce qu'au fond, elle a plutôt bon coeur - en témoigne son rôle clé dans l'équipe d'aviron du collège. Gaia, fille de Kay, est d'une beauté sublime, gentille mais d'un caractère plutôt trempé.....
J.K.Rowling nous entraîne donc dans un tourbillon de sentiments, de violence, d'hypocrisie, de manigances, de faux-semblants. C'est bien écrit, l'intrigue est bien menée mais les personnages sont soit pathétiques, soit tellement négatifs qu'il vaut mieux avoir le moral pour plonger dans l'ambiance sordide de ce récit. Un bon moment de lecture malgré tout même si J.K.Rowling semble parfois se complaire dans la description de la violence sociale et humaine.