Banlieue
résidentielle anglaise plutôt chic, Arlington Park fait penser
au
quartier des desperate housewifes. Car oui, les femmes dont nous
suivons les pensées et atermoiements ne sont pas loin d'être les
inspiratrices des héroïnes de la fameuse série. Juliet Randall,
Maisie Carrington, Amanda Clapp, Solly Keir-Leigh ont pourtant tout
pour être heureuses : des époux (pas toutes), des enfants, de
jolies maisons, de bonnes situations sociales, certaines des métiers
où elles s'épanouissent.... Elles ont le temps de se voir autour de
cafés, de discuter chiffons, de faire les magasins entre copines et
d'organiser des dîners pour leurs amis. Oui, en apparence, mais
quand l'auteur nous fait rentrer dans leurs têtes, là c'est le
chaos, la confusion, leurs doutes qui nous assaillent. En fait, ces
femmes n'en peuvent plus de leur vie trop bien rangée, étriquée,
pétrie d'habitudes. Elles n'en peuvent plus de leurs enfants, de
leurs corps abîmés par les maternités, par l'absence de regard de
leur conjoint. Elles n'en peuvent plus de cette hypocrisie qui dicte
la conduite de tous ces gens qu'elles côtoient, qu'elles
reçoivent... Ainsi, on entre successivement dans la cuisine toute
pimpante et gigantesque de l'une, on suit l'autre au supermarché,
dans une cabine d'essayage, et on suit le maelström de pensées qui
les assaillent.
C'est
la vie de couple, la vie de famille et la vie de quartier qui sont
dynamitées de l'intérieur : vision lucide et désabusée,
présentée avec une certaine drôlerie par l'auteur. On aurait
seulement voulu que le roman se termine par une décision tranchée :
quittent elles ou non le champ de bataille décrit au fil des
pages ? poursuivent-elles leur vie ou l'abandonnent-elles ?
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