Trois romans lus en parallèle.
Capitaine d'Adrien Bosc dont j'avais adoré Constellation (son premier roman). Dans ce nouvel opus l'auteur se lance dans une fresque historique et ressuscite grâce à de nombreux documents et lectures l'odyssée du Capitaine-Paul-Lemerle à bord duquel s'embarquent ceux qui fuient la France de Vichy (immigrés de l'Est, juifs, républicains espgnols,; écrivains surréalistes et artistes décadents, savants et affairistes) : une véritable arche de Noé et un salon littéraire en pleine mer ! Sur le pont on croise Levi-Strauss, Breton, Wilfredo Lam, Anna Seghers, Victor Serge entre autres.
Très attirée par toutes ces personnalités, je me lance dans le roman que je trouve au final très intéressant dans le contenu mais beaucoup trop dense, tant par les citations et références que par une écriture trop lourdement travaillée (ce qu'il n'y avait pas dans Constellation). Pourvu qu'Adrien Bosc revienne à plus de simplicité dans le style !
Le second, Ce qu'elles disent, est inspiré d'un terrible fait divers.
Entre 2005 et 2009, dans une communauté mennonite isolée de la Bolivie,
appelée la colonie du Manitoba, du nom de la province du Canada, de
nombreuses filles et femmes, le matin venu, éprouvaient de la difficulté
à émerger du sommeil. On les avait agressées durant la nuit, et leur
corps meurtri saignait. Il s’est avéré que huit hommes de la colonie
s’étaient servis d’un anesthésiant vétérinaire pour plonger leurs
victimes dans l’inconscience et les violer.
Huit femmes – des grand-mères, des mères et des
filles appartenant à la même communauté – se retrouvent dans le grenier d'une grange pour y tenir clandestinement un conseil de femmes. Il s'agit pour elles de trancher la terrible question : rester ou partir ? Elles échangent, se taquinent, se consolent, argumentent, les paroles fusent..... et sont consignées par l’instituteur August Epp, qui a été convoqué pour assister aux conversations de ces femmes analphabètes.
Un
livre très riche, mais dont la lecture est par moments laborieuse : les discussions des femmes partent parfois dans tous les sens, on a du mal à cerner les différents personnages au début, il y a des redondances et c'est parfois décousu. Certes la question de femmes qui prennent en mains leur destin jusqu'alors essentiellement dicté par des hommes est intéressantes mais l'auteur peine à donner une belle cohérence au récit entrecoupé de réflexions philosophiques, de paraboles (pour bien insister sur le fait que ces femmes - peu éduquées - ne maîtrisent pas l'art de la parole) et des digressions d'August, Bref, Ce
qu'elles disent est un récit certes original et
intéressant, qui rappelle que la religion est un outil de pouvoir mais qui peine néanmoins à instiller de la vérité et de l’humanité à la narration.
L'été des quatre rois nous permet de réviser notre histoire dans un fauteuil.
Les Trois Glorieuses, c'est-à-dire trois journées de juillet 1830 où Paris s'échauffe en insurrection.
Nous
suivons d'heure en heure le déclin du règne des
Bourbons et la mise au pouvoir du duc d'Orléans, de la branche cadette
des Bourbons. Charles X consent finalement à abdiquer, au profit de son petit-fils,
court-circuitant ainsi le duc d'Angoulême qui ne se rebiffe même pas :
Louis XIX est roi pendant une demi-journée et le duc de Bordeaux devient
Henri V (il restera le représentant des Légitimistes) sous la
protection de Louis-Philippe, régent…
Les tracasseries politiques, les rumeurs, les luttes intestines, les
jalousies, les retournements de veste, les confusions, les
discutailleries d'amour-propre entre ministres, conseillers, officiers,
et journalistes dont Thiers (qui n'apparait plus dans la 2e moitié du
livre), tout ceci est raconté dans le détail par Camille Pascal qui nous immerge avec brio dans la Révolution de 1830.
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