"Il faut cultiver notre jardin"

lundi 26 décembre 2016

Black Messie

Un titre noir pour une couverture plutôt légère puisqu'elle reprend un personnage de Boticelli. C'est le dernier Simonetta Greggio : entre lumière et obscurité, entre grâce et laideur.

Dans les douces collines de Toscane, le Monstre de Florence a sauvagement assassiné sept jeunes couples entre 1968 et 1985. Cet horrible fait divers a inspiré films et romans, dont Le Silence des agneaux. Le silence avait recouvert cette sombre histoire jusqu'au jour où filles et garçons recommencent à tomber, fauchés par un serial killer étrangement semblable à celui d’autrefois. Le Monstre est-il revenu ? A-t-on commis une erreur à l’époque ?
Le capitaine des carabiniers Jacopo D’Orto mène l’enquête. Proche de la retraite, il n’a plus rien à perdre. Il va alors remuer le passé, sonder les mystères, les silences, l'obscurité des êtres.....
Chaque chapitre laisse la parole à différents protagonistes (une fois de plus !!) et parfois même à des déséquilibrés dont on découvre à la fin qu'ils se cachent derrière la façade la plus Une intrigue policière qui avance doucement au gré des errements de Jacopo.
C'est déroutant, parfois inquiétant et, surtout, la construction en chapitres alternés nuit quelque peu à la fluidité du récit. Certes cela permet de reconstituer les errances des uns et des autres mais le dynamisme du roman en pâtit. Un peu déçue.

dimanche 20 novembre 2016

M.Origami

À l’âge de vingt ans, le jeune Kurogiku tombe amoureux d’une femme qu’il n’a fait qu’entrevoir et quitte le Japon pour la retrouver. Arrivé en Toscane, il s’installe dans une ruine isolée où il mènera quarante ans durant une vie d’ermite, adonné à l’art du washi, papier artisanal japonais, dans lequel il plie des origamis. Un jour, Casparo, un jeune horloger, arrive chez Kurogiku, devenu Monsieur Origami. Il a le projet de fabriquer une montre complexe avec toutes les mesures du temps disponibles. Son arrivée bouscule l’apparente tranquillité de Monsieur Origami et le confronte à son passé. Les deux hommes sortiront transformés de cette rencontre.
Un joli roman qui se lit très vite. Un bel effort de concision et un style épuré. 
Un hommage aux Haïkus, au papier washi, à la culture du zen certes mais qui laisse un peu sur sa faim.

dimanche 30 octobre 2016

Le dernier Harry Potter

Harry Potter et l'enfant maudit est la dernière livraison de J.K Rowling. 
Il s'agit d'une pièce de théâtre qui se situe dix-neuf ans après la fin de la célèbre saga. On frétille d'avance à l'idée de replonger dans le monde de la magie...... Que sont devenus les héros ? Voldemort menace-t-il toujours le monde de Poudlard ?
Si l'on est content de retrouver Harry Potter, Hermione, Ron et les autres on est un peu déçu par le manque de densité de l'ouvrage. Ca ressemble franchement à une tentative maladroite de surfer sur le mythe et c'est un peu réchauffé. Qui dit pièce de théâtre dit dialogues ce qui entraîne finalement un contenu peu développé et beaucoup moins dense en descriptions. Certains passages ne consistent qu'en un rappel du contenu de certains tomes.... Mais on se laisse finalement prendre et la magie opère car on replonge dans le monde des sortilèges, des potions, des patronus et des retourneurs de temps. Ce qui est intéressant (mais insuffisamment développé ou de manière mièvre - rythme du théâtre oblige) ce sont les difficultés des héros, devenus adultes, à gérer leurs émotions, leurs rôles de parents.....
Bref pas si mal mais la saga est largement meilleure !

samedi 22 octobre 2016

Les nuits de laitue

J'aime beaucoup les couvertures des éditions Zulma. Très souvent, en plus, se cachent derrière de bons petits romans. Le titre de celui-ci intrigue et nous entraîne dans un univers un peu loufouque mais aussi plein de bienveillance.

Otto et Ada partagent depuis un demi-siècle une maison jaune perchée sur une colline et une égale passion pour le chou-fleur à la milanaise, le ping-pong et les documentaires animaliers. Sans compter qu’Ada participe intensément à la vie du voisinage, microcosme baroque et réjouissant.
Il y a d’abord Nico, préparateur en pharmacie obsédé par les effets secondaires indésirables; Aníbal, facteur fantasque qui confond systématiquement les destinataires pour favoriser le lien social; Iolanda et ses chihuahuas hystériques ; Mariana, anthropologue amateur qui cite Marcel Mauss à tout-va; M. Taniguchi, centenaire japonais persuadé que la Seconde Guerre mondiale n’est pas finie. Quant à Otto, lecteur passionné de romans noirs, il combat ses insomnies à grandes gorgées de tisane tout en soupçonnant qu'on lui cache quelque chose…
Au décès d'Ada, Otto se retrouve seul et désemparé : sa femme "branchée sur le 220 volts" n'est plus là pour organiser les journées. Et puis, quelle difficulté de vivre son deuil quand les différentes figures qui peuplent son environnement ne cessent de virevolter autour de lui ! Chapitre par chapitre, l'auteur nous fait ainsi découvrir les membres d'une collectivité dont Ada était un rouage essentiel. Au gré des récits des échanges entre elle et ses voisins, le portrait de la défunte s'élabore. ET l'on pressent qu'on a caché des choses à Otto.
C'est plutôt loufoque, un peu foutraque et sympathique. Ce roman n'atteint pas le niveau de "flodinguerie" de Paasilinna mais reste agréable à lire.

lundi 10 octobre 2016

Un parfum d'herbe coupée

Nicolas Delesalle choisit de composer son roman un peu à la manière d'un "je me souviens". Chaque chapitre tourne ainsi autour d'un souvenir qui semble remonter à la surface. 
Les réminiscences - odeur, saveur, bruit, geste ...- sont autant de sources d'où jaillissent les éclats de vie et les pièces d'un puzzle personnel.  Car l'auteur se raconte peut-être derrière son narrateur Kolia qui évoque par bribes et avec pudeur tous les petits et grands moments qui ont compté dans sa vie et qui la constituent voire la construisent. C'est bien de cela qu'il s'agit, comprendre que notre mémoire engrange, telle une boîte à souvenirs, les traces du passé et les éléments qui nous constituent.
Un roman doux, frais, pas mélancolique.
« Le jour où mon père a débarqué avec son sourire conquérant et la GTS, j’ai fait la gueule. Mais j’ai ravalé ma grimace comme on cache à ses parents l’odeur de sa première clope. J’ai dit “ouais”, j’ai dit “super”, la mort dans l’âme, même si j’avais compris que la GTS pour la GTX, c’était déjà le sixième grand renoncement, après la petite souris, les cloches de Pâques, le père Noël, Mathilde, la plus jolie fille de la maternelle, et ma carrière de footballeur professionnel. »

vendredi 30 septembre 2016

Les vies multiples d'Amory Clay

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la très jeune Amory Clay se voit offrir par son oncle Greville un appareil photo et quelques conseils rudimentaires pour s’en servir. Elle ignore alors que c’est le déclencheur d’une passion qui façonnera irrévocablement sa vie future. 
William Boyd nous entraîne à la suite de la vie tumultueuse et remplie d'Amory Clay, photographe prometteuse et toujours sur la brèche. Née en 1908, disparue en 1978, Amory a la bougeotte : impossible de rester dans le cadre ! Berlin, Paris, Londres, le Vietnam, les USA, tel est son terrain de jeu. C'est tout le XXè siècle qui défile dans viseur : lendemain de la 1ère guerre et rationnement, plongée dans le milieu interlope de Berlin, montée du fascisme (elle se fait tabasser à Londres), journaliste de guerre en Europe avant le débarquement, journaliste accréditée au Vietnam..... Elle a tout vu, tout vécu, Amory. Le récit est ponctué de clichés qu'elle prend, n'hésitant pas à rivaliser d'imagination pour prendre des photos à la dérobée (ah, les sacs à mains !). Et ses mains tiennent des appareils aux noms qui font rêver : Box Brownie, 2A Kodak Junior à soufflet, Butcher Klimax, Ensignette, Voigtländer, Zeiss Contax, Leica. Bien équipée ! Au fil des pages, au gré des planches contact et des tirages se dessine les contours tantôt nets tantôt flous de son parcours. Les pages se tournent comme celles d'un album de souvenirs. Car, oui, Boyd cède à la tentation de la narration croisée passé/présent mais, heureusement, il fait cela avec doigté, précision. Ce faisant, il nous embarque dans l'univers des femmes photographes qui témoignent d'une époque. Et l'on croit à sa construction littéraire. car il s'agit bien de cela : Boyd crée, invente, fait naître une femme hybride mélange de ces Margaret Bourke-White, Lee Miller et autres hussardes de la photographie. Un être "fictif parce qu'inventé, concret parce que produit par des vies réelles". C'est là tout le brio de l'auteur.
C'est non seulement un bel hommage à cet art et à sa technique mais aussi un bien beau portrait de femme. Amory est vive, fringante, libre, touchante et vivante. Un très bon roman.

samedi 17 septembre 2016

La renverse

En furetant dans les rayons de la bibliothèque, je m'arrête sur le dernier Olivier Adam. Je dois avouer que j'avais un peu arrêté de le lire tant ses histoires sont souvent sombres et déprimantes. Mais j'en avais entendu du bien,  alors je m'y risque.  
"La renverse: période de durée variable séparant deux phases de marée ( montante ou descendante ) durant laquelle le courant devient nul".
Exilé en Bretagne, le narrateur, Antoine, cherche à oublier le passé, ne s'embarrasse de rien dans sa vie, notamment sa vie amoureuse. On sent qu'il souhaite être le plus léger possible, sans réelles attaches et surtout ne veut guère laisser prise sur lui. Un jour, après une ballade sur un sentier côtier et dans un paysage âpre (cliché sur la Bretagne ?), il entre dans le bar du coin et entend une voix à la radio annoncer la mort de Jean-François Laborde, ancien sénateur-maire de M., en banlieue parisienne, et ancien ministre.  A son retour chez lui, il ne peut s'empêcher d'effectuer quelques recherches sur la toile et ouvre la boîte de Pandore qu'il avait pourtant bien décidé de laisser verrouillée.
On suit alors le flux et le reflux des souvenirs brassés avec le présent dans lequel Alexandre veut à tout prix rester ancré malgré tout. Et l'on comprend, au fil des pages, qu'il a définitivement tourné le dos à sa vie d'avant, à sa jeunesse, à sa mère, à ses parents. 
C'est violent certes, mais nécessaire pour se reconstruire quand on a été confronté à un sordide faits divers impliquant sa mère, surtout quand celle-ci se targuait d'incarner la figure maternelle parfaite. Olivier Adam nous plonge, avec La renverse, dans un scandale politique peu reluisant et révélateur des jeux de pouvoir dans lesquels les puissants n'hésitent pas à se mouiller pour exercer leur autorité, se gargariser de leur influence quitte à abdiquer toute conscience morale.
C'est pas mal du tout : les personnages abjects sont décrits dans toute leur crudité, le narrateur est un peu paumé et ses doutes le rendent assez touchant.

dimanche 11 septembre 2016

Sens dessus dessous

Un joli bijou que nous offre Milena Agus en nous plongeant dans l'atmosphère foutraque d'un immeuble de Cagliari en Sardaigne. 
En haut vit M.Johnson senior, un vieil excentrique qui se promène souvent avec les lacets défaits et des vestes trouées. Peu lui importe, lui ce qu'il aime c'est jouer du violon. Sa femme, lassée de son originalité, soucieuse de son bien-être et de vivre dans le luxe, est partie. Leur fils Johnson junior ne tarde pas à débarquer avec son enthousiasme à toute épreuve, sa joie de vivre et son petit garçon Giovannino - adorable, mesuré et sensible. A l'étage en dessous vit Alice, la narratrice, dont le père s'est suicidé et la mère devenue cinglée. A l'entresol vit Anna et sa fille Natasha d'une jalousie maladive. Anna tire le diable par la queue pour survivre, Alice est étudiante en lettres et en mal d'amour, Natasha a un fiancé et n'a qu'une peur : qu'on le lui souffle. On l'aura compris, chacun des personnages traîne ses casseroles, a une vie pas toujours simple. Mais les escaliers de l'immeuble deviennent le lieu où l'on se croise, où l'on se parle, où se nouent des liens et où se décident des changements qui vont mettre l'immeuble sens dessus dessous. Anna rebaptisée Anina va devenir gouvernante (et peut-être plus) dans l'appartement du haut aux grandes baie vitrée et à la vue sur mer. Alice continue à chercher le grand amour, M.Johnson junior essaye d'apprendre aux autres à vivre la vie comme elle vient.
Ce récit de vies entremêlées est léger, empreint de folie mais n'hésite pas à aborder des thèmes plus sérieux comme le suicide, la maladie, l'homosexualité ou encore l'homoparentalité.
Un très bon moment.

jeudi 8 septembre 2016

Une ombre sans doute

Michel Quint est un auteur que j'ai découvert il y a peu. Et ce nouveau titre que je viens de lire confirme que c'est un auteur à suivre.
Certes dans ce roman, on retrouve les époques entremêlées mais c'est pour mieux tisser la trame d'une histoire familiale qui trouve des échos dans une histoire personnelle, intime, comme si tout était lié, comme si les événements s'expliquaient les uns les autres. Mais ça on ne le comprend qu'à la fin et c'est ce qui fait la force de la construction ciselée par l'auteur.

A la mort de ses parents, le narrateur revient dans le village de son enfance, dans le Nord. Ses parents sont morts, enfin, ils ont plutôt décidé de partir. Pourquoi ? il ne le sait pas et n'est pas certain de vouloir le savoir. Sauf qu'il croise la route d'une amie de ses parents qui va lui raconter le passé. Commence alors une plongée dans les souvenirs. Retour pendant la Seconde Guerre mondiale : les parents du narrateur viennent de se rencontrer. Elle travaille dans un atelier de couture où les ouvrières chantent, aiment et pleurent leurs amours passées. Tout le monde cherche à vivre en oubliant les noirceurs de la guerre. L'arrivée d'un espion anglais bouleverse la petite vie de ce groupe : jalousies, amour, désirs, résistance, héroïsme, compromission..... Le narrateur reconstruit le passé de ses parents comme on place une à une les pièces d'un puzzle. Cet homme ambigü (quelle est donc sa profession ?), faible par moment, va peu à peu se trouver, se retrouver et mieux comprendre d'où il vient. Ce roman est donc l'histoire de la révélation d'une identité, de la compréhension de soi et de la réconciliation avec le passé. Un beau texte.

samedi 3 septembre 2016

On ne voyait que le bonheur

Après L'écrivain de la famille, La liste de mes envies, La première chose qu'on regarde, je tombe sur le nouveau roman (2014) de Grégoire Delacourt, ex-publicitaire converti en romancier. Pourquoi pas avant la rentrée ? 
C'est l'histoire d'Antoine, expert en assurance qui revient sur sa vie et ses souvenirs. A coup de chapitres très courts, ayant pour titre des chiffres liés au contenu du texte (bof), il remonte le fil de sa vie : son enfance, ses parents, la mort d'une de ses soeurs jumelles, le départ de sa mère, un père mutique incapable d'exprimer sa tendresse, la rencontre avec sa femme, les errements amoureux de celle-ci, l'arrivée des enfants et le rêve d'une vie de famille où l'on ne voit que le bonheur, la descente aux enfers, la chute, le drame, la maladie du père .....
Beaucoup de pathos : il n'a vraiment pas de bol cet Antoine, ses parents non plus....
Un roman construit en triptyque (au moins on n'a pas l'alternance des époques, des points de vue...) : le nord de la France, la côte ouest du Mexique. Le dernier tableau s'affranchit de la géographie et nous plonge dans les écrits de la fille d'Antoine qui essaye de se reconstruire et - elle aussi - de recoller les morceaux.
Une première moitié de roman un peu lourde et excessive en pathos : à force d'accumuler les malheurs et les coups du sort l'auteur peine à convaincre. La partie mexicaine est plus légère et correspond au moment où le héros s'est allégé de sa colère contre la vie, contre ses parents, contre les autres et contre soi-même. La dernière partie, enfin, permet un happy end un peu convenu et mièvre même si elle est porteuse d'espoir sur la possibilité de se reconstruire après des événements terribles.
Bref, un roman qui se lit mais qui est un peu convenu. Une écriture simple et sans grand effet de style.

mercredi 17 août 2016

Les Frères sisters

Merci à Vincent pour le conseil ! Les frères sisters ou Brother sisters : un roman bien sympathique
Il s'agit d'un roman déjanté, qui joue avec les codes du western. Les deux héros sont, en effet, un peu loin du type héroïque: tueurs professionnels, ils ne semblent pas si dangereux que ça et sont loin de réussir tout ce qu'ils entreprennent.
Oregon, 1851. Eli et Charlie Sisters chevauchent vers Sacramento, Californie, dans le but de mettre fin, sur ordre du "Commodore", leur employeur, aux jours d'un chercheur d'or du nom de Hermann Kermit Warm. Charlie est une brute épaisse, un ivrogne et ne se pose pas beaucoup de cas de conscience quand son frère, Eli, est plus sensible, plus humain. Il réfléchit d'ailleurs beaucoup à leur choix de vie, s'interroge sur la question de savoir s'il ne faudrait pas raccrocher, s'installer dans une petite vie tranquille... Malgré leurs différences et différends, ces deux-là sont très soudés. Et tant mieux, vu le nombre de rencontre toutes plus insolites, burlesques ou dangereuses qu'ils font. Individus patibulaires, femmes de petite vie, personnages désespérés, chefs de gang, chercheurs d'or... voilà tout le personnel de ce roman jubilatoire qui nous plonge dans l'Amérique de la Ruée vers l'or.
Dans ce roman jubilatoire, drôle, excentrique Patrick deWitt enchaîne les chapitres comme on enfile les perles d'un collier et l'on avance d'aventure en aventure, de rencontre en rencontre jusqu'au retour au bercail familial.  
Un très bon moment !

lundi 15 août 2016

Hubert Haddad le peintre d'éventail


Un roman contemplatif et une immersion dans un jardin magnifique animée par l'âme et le savoir-faire d'un jardinier peintre d'éventails. Fin fond de la contrée d'Atôra (NE île de Honshu). Matabei s'y réfugie dans une pension tenue par Dame Hison, ancienne prostituée qui accueille toutes les âmes un peu perdues. Clientèle singulière (Monsieur Ho, la belle et mystérieuse Enjo, Anna et Ken les deux amants fugitifs). Dans cet endroit hors du temps et tourné vers un jardin fabuleux, ponctué par de petites rivières, des bassins et des terrasses, Matabei peu à peu se dépouille au sens propre et au sens figuré. Il s'oublie et oublie son ancienne vie, découvre le sens profond du jardin crée et entretenu par le vieux Osaki, s'initie au savoir-faire de ce maître d'éventails et peu à peu retrouve un certain calme. Devenu maître à son tour, il initie Hi-han Xu jeune garçon peu cultivé, un peu gauche qui apprend à manier les casseroles aux fourneaux de la pension. Lecture, écriture, peinture... voilà une partie de ce que Matabei transmet à Hi-han. Mais le jardin n'est pas toujours aussi zen que l'on pourrait le croire : il abrite des liaisons, des passions déchirantes, des brûlures, des fêlures, des trahisons .... jusqu'au jour où la terre tremble et engloutit avec elle les habitants, les arbres, le jardin et la région. Cataclysme humain et naturel puisque après avoir perdu son disciple (Matabei a succombé aux charmes de la jeune Enjo que convoite Hi-han), Matabei perd ses repères, ses compagnons. Il survit, seul et rongé par la plaie d'un amour évaporé (par la catastrophe?) et va finir de s'effacer derrière les morts et les âmes de ceux qu'il a cotoyés. Il leur rend hommage, accomplit les cultes mortuaires et peut, à la toute fin, une fois réconcilié avec Hi-han – qu'il a un jour trahi- laisser son âme s'envoler en paix. « La vie est un chemin de rosée dont la mémoire se perd, comme un rêve de jardin. Mais le jardin renaîtra, un matin de printemps, c'est bien la seule chose qui importe. Il s'épanouira dans une palpitation insensée d'éventails. »

samedi 6 août 2016

Corniche Kennedy M de Kerangal


Réparer les vivants fut, pour moi, une révélation. Avec Corniche Kennedy (antérieur au précédent), je retrouve avec délice M.de Kérangal. Si l'écriture est un peu bavarde parfois, c'est, une fois de plus, un roman bien écrit et fort agréable à lire, d'autant que le style se simplifie avec bonheur vers le milieu du roman. On y suit les tribulations d'une bande d'adolescents qui sautent dans la mer depuis la corniche au grand dam d'un maire d'abord soucieux de son image et de soigner sa "clientèle" électorale. Cette bande de jeunes, issus de milieux pas forcément favorisés, sont suivis, surveillés et épiés par un flic dont on devine qu'il cherche quelqu'un en plus de traquer les proxénètes et les passeurs de came. Un bon roman.

mercredi 3 août 2016

Expo Sabine Weiss : un pur bonheur


Magnifique exposition au château de Tours !
Des photos somptueuses, un œil acéré et capable de saisir des détails, une femme au caractère enjoué et affirmé, une photographe humaniste.

@ voir absolument  

mercredi 27 juillet 2016

Bizarre, bizarre

Avant les singes de Sibylle Grimbert est un livre plus qu'étrange.
La 4è de couverture laisse à penser qu'il peut s'agir d'une intrigue étonnante voire surprenante : pourquoi pas ? On suit alors Sabine pour un week-end en montagne à Zermatt en Suisse. C'est là que son époux doit recevoir un trophée pour une invention miraculeuse : la pilule yourself qui permet à chacun de laisser s'exprimer sa personnalité sans entraves ni complexe. Occasion pour elle d'échapper à une vie sur laquelle elle se pose des questions et d'échapper à l'influence de sa mère. 
Dès son arrivée, il se passe des choses étranges : elle croise deux femmes qui lui ressemblent beaucoup, et sa mère est la présidente de la soirée ! Et en plus elle semble très proche de ces deux sosies ! Jusque là, on se dit bizarre autant qu'étrange... mais pourquoi pas ?
Tout se complique lorsque les participants à la soirée prennent avec délice la fameuse pilule de Romain : et c'est là que tout se dérègle. Car oui il n'y a plus aucune règle rationnelle, on bascule dans un univers étrange plus guère en prise avec le réel....On suit Sabine, on s'accroche à elle en espérant comprendre ce qui lui arrive. La dimension fantastique, on connaît, on attend juste de mieux saisir la situation... mais rien. Sibylle Grimbert a fait le choix de nous embarquer dans une dimension fantastique, onirique, une 2è voire une 2è dimension - à la David Lynch. 
Ca se lit très bien, on est poussé par l'envie de comprendre mais un peu frustré à la fin.

mardi 26 juillet 2016

Nos contrées sauvages de Cate Kennedy


D'accord, on retrouve le principe d'alternance de points de vue entre les personnages mais- joie !- ces points de vue alterne à l'intérieur d'un même chapitre ! Ce qui permet de juxtaposer avec force les ressentis des personnages et, ainsi, de donner de la profondeur aux événements vécus. 
Sophie, adolescente gothique de quinze ans, part avec son père Rich faire un trek en Tasmanie pour une semaine. Jusqu'alors, rien d'étonnant ! Sauf que Rich, elle ne le connaît pas puisqu'il est parti à sa naissance. Cette randonnée, qu'il a organisée, sera, pour eux, un moyen de mieux se connaître, de faire connaissance. Cela n'est pas, bien sûr, sans soucier Sandy qui a élevé Sophie seule et voit d'un bien mauvais œil cet homme qu'elle a rayé de sa vie se rapprocher de sa fille. Voilà pour les protagonistes et ce triangle familial. Précisons que Sandy cultive son passé d'activiste en fabriquant des bijoux ethniques has been, en brûlant de l'encens dans son brûle-parfum et en refaisant le monde sans hommes avec ses copines aussi hippies qu'elle. Quant à Rich, il cultive son look d'aventurier, courageux et cool quand il aurait bien besoin de regarder avec lucidité sa vie, sa manière de faire des choix (ou de leur tourner le dos en prenant la poudre d'escampette) et sa recherche du cliché qui fera- enfin!-de lui un photographe reconnu mondialement. Bref, Sophie est peut-être la plus mâture dans la famille et, d'ailleurs, elle le montrera tout au long du parcours puisqu'elle s'est préparé avec beaucoup de sérieux (davantage que son père). Elle est ravie de ce trek qui va lui permettre d'échapper à l'amour envahissant de sa mère et de faire connaissance avec ce père sur lequel elle a projeté plein d'images. Distance et proximité, deux maîtres mots du roman. Pendant que Rich et Sophie s'engagent sur le chemin en compagnie de nombreux autres randonneurs, Sandy part en retraite spirituelle : mouvement et immobilisme, conversations à deux et conversation intérieure... Autant de contrepoints intéressants qui vont nous permettre de mieux cerner les protagonistes et de comprendre ce qui les rapproche et ce qui les éloigne à la fois.
Désireux de sortir des sentiers battus et de se retrouver seul avec Sophie, Rich décide, un jour avant la fin de la randonnée, de s'aventurer, avec l'assentiment de sa fille, sur une portion plus sauvage du parcours. Il est blessé (une pauvre ampoule due à ses chaussures neuves – erreur de débutant), fatigué et sans boussole. Fort de l'image de baroudeur qu'il cultive il fait fi des avertissements et les entraîne vers ce que l'on appelle « le labyrinthe ». Et le mauvais temps s'en mêle ! Ils se retrouvent perdus, dans le brouillard et doivent puiser dans leurs dernières forces pour attendre les secours.
Un très bon roman qui nous emmène dans les tréfonds de l'âme humaine et dresse une belle cartographie des « contrées sauvages » des différents personnages. Les dangers que Rich fait courir à sa fille auront permis aux parents et à leur fille de voir se cristalliser leurs sentiments, de faire le tri dans leurs ressentis. Amour, haine, admiration, affection, agacement, distance et rapprochement....tout cela forme un véritable cocktail explosif mais, au final, bien mélangés, ils permettent aussi d'accéder à davantage de compréhension mutuelle et de sérénité.

samedi 23 juillet 2016

Arlington Park de Rachel Cusk

Banlieue résidentielle anglaise plutôt chic, Arlington Park fait penser
au quartier des desperate housewifes. Car oui, les femmes dont nous suivons les pensées et atermoiements ne sont pas loin d'être les inspiratrices des héroïnes de la fameuse série. Juliet Randall, Maisie Carrington, Amanda Clapp, Solly Keir-Leigh ont pourtant tout pour être heureuses : des époux (pas toutes), des enfants, de jolies maisons, de bonnes situations sociales, certaines des métiers où elles s'épanouissent.... Elles ont le temps de se voir autour de cafés, de discuter chiffons, de faire les magasins entre copines et d'organiser des dîners pour leurs amis. Oui, en apparence, mais quand l'auteur nous fait rentrer dans leurs têtes, là c'est le chaos, la confusion, leurs doutes qui nous assaillent. En fait, ces femmes n'en peuvent plus de leur vie trop bien rangée, étriquée, pétrie d'habitudes. Elles n'en peuvent plus de leurs enfants, de leurs corps abîmés par les maternités, par l'absence de regard de leur conjoint. Elles n'en peuvent plus de cette hypocrisie qui dicte la conduite de tous ces gens qu'elles côtoient, qu'elles reçoivent... Ainsi, on entre successivement dans la cuisine toute pimpante et gigantesque de l'une, on suit l'autre au supermarché, dans une cabine d'essayage, et on suit le maelström de pensées qui les assaillent.
C'est la vie de couple, la vie de famille et la vie de quartier qui sont dynamitées de l'intérieur : vision lucide et désabusée, présentée avec une certaine drôlerie par l'auteur. On aurait seulement voulu que le roman se termine par une décision tranchée : quittent elles ou non le champ de bataille décrit au fil des pages ? poursuivent-elles leur vie ou l'abandonnent-elles ?

mardi 19 juillet 2016

Les vieux ne pleurent jamais

Une couverture alléchante : une dame d'un certain âge, en robe fleurie, qui se prélasse et cueille le temps sur un ponton, un casque vissé sur les oreilles. On se dit "chouette, ça peut être sympa". 
Et on plonge dans le roman dont l'héroïne principale, Judith, veuve de 70 ans, vivote à Brooklyn. Son époux Herb semble avoir laissé un grand vide dans sa vie que peinent à combler les apparitions enjouées de son amie Janet. Elles partent en voyage organisé et souffrent le martyre, peu habituées à être menées à la baguette et à se laisser dicter leur conduite. Ce sera quand même, pour elles, l'occasion de discussions franches sur leur âge, sur leur vie. Puis, Judith que ce voyage a renvoyé à son âge, décide d'entreprendre un voyage en France pour retrouver son frère. En effet, dès le début du roman, en feuilletant Voyage au bout de la nuit, elle est tombée sur une photo qui l'a ramenée cinquante ans en arrière. Ressurgissent alors toutes sortes de sentiments : tendresse, ressentiment, haine, dégoût..... Comme si elle voulait recoller les morceaux de sa vie avant qu'il ne soit trop tard Judith s'embarque pour un périple qui la ramène dans sa patrie qu'elle a quitté sur un coup de tête et, on le pressent, suite à des événements violents. Mais lesquels ? Le suspense sera levé dans les dernières pages, sorte de révélation bien orchestrée (un peu trop facilement cousu de fil de blanc) à la fin du roman qui abandonne les deux mamies à leur vie.
Un roman agréable à lire mais inégal : certains passages semblent longs et peu en rapport avec d'autres comme le voyage organisé mais c'est à la fin que l'on comprend que Judith étouffe dans sa vie réglée et morne. L'ancienne actrice aime les sensations fortes mais ne supporte ni les faux-semblants ni l'intolérance liée aux préjugés et au racisme.
Au final, un portrait de femme plutôt intéressant mais qui aurait pu être mieux exploité. Un bon moment de lecture, malgré tout.

lundi 18 juillet 2016

le charme discret de l'intestin

Une couverture sympa que tout le monde n'a cessé de voir depuis le début de l'année dans les rayons des bibliothèques ou des librairies.

Un petit coup d'oeil dedans et me voilà partie pour une plongée fort intéressante au coeur de nos entrailles pour mieux en comprendre le fonctionnement.
Visite guidée du circuit interne par lequel passe la nourriture que nous ingérons : de la bouche jusqu'à l'anus en passant par les méandres de l'intestin peuplé de bactéries et d'enzymes prêts à attaquer la transformation des aliments en nutriments tout aussi efficaces pour le corps, le coeur, les muscles, les os....
On y apprend non seulement comme notre deuxième cerveau fonctionne mais on y trouve aussi  quelques conseils avisés : la meilleure position pour déféquer, de la nécessité de se brosser les dents matin et soir (au moins),  les aliments prébiotiques - poireau, artichaut, asperge, endive, topinambour, ail oignon, panais..... - , de la mauvaise sur-consommation des antibiotiques etc....
C'est de la vulgarisation réussie : c'est écrit avec humour mais le propos reste sérieux, l'auteur s'est associée à sa soeur, graphiste, dont les dessins rigolos ponctuent les textes et l'expliquent.

dimanche 17 juillet 2016

Apaise le temps

Je l'avoue, je n'avais jamais rien lu de cet auteur - dont je connais pourtant le nom, Michel Quint. Jolie découverte que ce petit opuscule hommage aux librairies et à la lecture.
L'auteur nous embarque pour une plongée dans la ville de Roubaix, ville de misère et de chômage et, plus particulièrement dans les rayonnages d'une antique librairie, Livres.
Yvonne Lepage, qui officie dans sa petite boutique coincée à l'ombre de l'hôtel de ville, est décédée. Et avec elle, c'est tout un pan de la vie d'Abdel, Saïd et Zita qui s'effondre. Yvonne c'était la libraire, celle qui donnait accès aux livres et au savoir, à la lecture, à l'écriture, tout comme ses parents avant elle. D'ailleurs, c'est grâce à elle qu'Abdel a pu lire tous les classiques, entre autres. D'ailleurs, "Abdel est entré pour la première fois entre les murailles de bouquins vers ses cinq ans avec une soif de lecture à avaler tout Balzac sans rien y comprendre." Saïd, le kabyle, c'est celui qui est fier d'avoir appris à lire avec Georges Lepage et qui collectionne avec délice les nouveaux mots dans son grand cahier qui ne le quitte jamais. Zita, l'albanaise, c'est la vendeuse tentée par les sirènes de Repères.
Lorsqu'à la mort d'Yvonne, Abdel Duponchelle apprend qu'il est le seul légataire, il n'hésite pas longtemps ou plutôt, il se sent "obligé" et l'obligé de cette hussarde des lettres et accepte l'héritage. Et quel héritage à l'heure où cette grande librairie inhumaine et commerciale s'installe à Roubaix pour vendre les derniers ouvrages qu'il faut avoir lus ("un roman avec du cul dedans, tu sais le gris nuancé, les bâtards du sexe") en méprisant les classiques et les contemporains (Claudel, Martinez, Chalandon, Garat...) ? Mais tant pis, parce que c'est un peu grâce à elle qu'il est devenu professeur agrégé de lettres au lycée, Abdel, dont le père français a connu le coup de foudre pour sa mère à Oran, accepte qu'Yvonne l'ait considéré comme son héritier. 
Commence alors, comme il se doit, un grand ménage, un tri dans les affaires doublé d'un inventaire pour mieux saisir l'ampleur des dettes. Dettes d'argent mais aussi dettes de coeur. Car autour d'Yvonne et de ses parents gravitent des habitués, des qui ne savent pas toujours lire, des gens qu'on aide, des engagés, des partisans, des amants.... Tout cela, Abdel va le découvrir grâce aux archives photographiques d'Yvonne la photographe. Et c'est une page de l'histoire qui se réouvre avec ses blessures, ses fêlures et ses cassures lorsqu'Abdel, aidé de Saïd qui a vécu cette époque jusque dans sa chair (il a été touché à la jambe dans l'attaque du bar où Georges Lepage a trouvé la mort) : la guerre d'Algérie. 
La boîte de pandore est ouverte mais elle permettra de mieux comprendre le passé, de mieux cerner Yvonne, de découvrir Rosa l'assistante sociale du lycée, sauvage et tendre et de mettre des mots sur des maux.
 A la fin de l'histoire on sait que répondre à la question que pose le narrateur sur la décision d'Abdel :  "Fidélité à la mémoire des Lepage, à leur oeuvre d'accueil, dette humaine envers Yvonne, militantisme culturel et social pour le maintien des librairies de quartier, ou orgueil de gamin écartelé,vengeance de bougnoule blond comme on l'insultait au collège ?" C'est un peu tout à la fois et cela permet d'avancer. 
Un bel hommage à la force des mots, des images et des souvenirs mais aussi une incitation à résister en s'entraidant. Où l'on comprend que "Relier, c'est bien, ça parle des gens et des livres qu'on relie, qu'on relit".

dimanche 10 juillet 2016

Début de vacances studieux

Décidément Catherine Meurisse est une grande dame de la BD.
Je me suis délectée de son Mes hommes de lettres qui permet de balayer six siècles d'histoire littéraire avec humour, légèreté et subtilité. Elle campe admirablement les auteurs, résume efficacement leur oeuvre et leur style. 
De la légèreté certes mais du contenu également car Catherine Meurisse a des lettres ! Elle rappelle des anecdotes célèbres, livre quelques détails sur les auteurs qu'elle a choisis de présenter. 
J'ai beaucoup aimé La Pléiade rapprochée des Beatles


Racine et sa Phèdre


 
 
Voltaire versus Rousseau, Hugo en chef révolté du Romantisme,la Madeleine de Proust.....





On croise Sartre et Beauvoir qui suivent d'un regard distancié leur époque et la BD se termine sur une surprise party des mieux fréquentées : Sagan, Vian, Camus, Pérec, Duras, Gary, Queneau, Prévert, Ionesco, Giono, Pagnol… Un vrai festival ! 
A mettre entre toutes les mains des lycéens de France pour les rabibocher avec l'histoire littéraire !

jeudi 9 juin 2016

En attendant Bojangles ou l'art de la fête

J'en avais entendu parlé, j'avais lu une interview de l'auteur que j'avais trouvé sympa et dont le parcours semblait enfin récompensé.
La curiosité l'a emporté et j'ai plongé avec délices dans ce roman foutraque et beau, dans cette fête incessante et pétillante.
Louise et Georges se sont rencontrés dans un pince-fesses au bord de la piscine, ils étaient destinés à faire de leur vie une fête perpétuelle. Echanges surréalistes, humour détonant et petit zeste de folie, voici ce qui les réunit, véritables ingrédients d'un cocktail réussi.
C'est leur fils qui raconte leur histoire, avec candeur, naïveté mais néanmoins une certaine lucidité. Ce regard du naïf lui permet de mettre à distance certains faits plus troublants qu'éclairent les mots du père qui émaillent de temps à autre le récit. C'est donc avec un regard émerveillé qu'il regarde ses parents excentriques vivre et enchanter leur quotidien, et, sans se lasser, danser sur "Mr. Bojangles" de Nina Simone. Mademoiselle Superfétatoire, grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement, participe à ce tourbillon de folie, car, bien sûr, elle aussi est libre comme l'air.
Cocktails, châteaux en Espagne, escapades.... c'est Louise surtout qui donne le "la", enfin Louise ou une autre puisque son époux ne cesse de lui faire changer de prénom comme on offre à sa bien-aimée une nouvelle robe de bal. 
Louise est fantasque, libre, inventive, imprévisible, extravagante, folle peut-être.....
Pour elle la vie rime avec fantaisie, poésie, magie. Jusqu'au jour où un grain de sable vient enrayer cette mécanique festive. Fin de partie ? Pas question, pour le père et le fils, que le carrosse se transforme en citrouille. Ils vont donc tout faire pour que la fête continue jusqu'au bout de la nuit.......
Un roman très gai et plein de vie qui raconte une somptueuse histoire d'amour et nous invite à réenchanter nos jours et à faire de la vie une fête ininterrompue. Un manifeste pour la fantaisie, la gaité et un brin de folie.

samedi 4 juin 2016

@ voir : une utopie éducative, si si, si !

Superbe documentaire sur feu-l'université de Vincennes !
Ou comment une utopie éducative a fini par gêner le pouvoir. Les plus grands y sont passé : Deleuze, Foucault.....
Ca donne très envie de reproduire l'expérience !!
http://www.arte.tv/guide/fr/059529-000-A/vincennes-l-universite-perdue

vendredi 27 mai 2016

De la BD à la pelle !

Jusqu'alors je ne lisais jamais de BD.... C'était sans compter sur une production pléthorique et de plus en plus littéraire et sensible. Aussi, ai-je le plaisir de partager avec vous quelques lectures (en vrac depuis plusieurs mois). 
La vision de Bacchus 
"Venise, 1510. Le peintre Giorgione, sur le point de mourir de la peste, jette ce qui lui reste de force dans un ultime tableau. Il se mesure enfin à l’extraordinaire aventure picturale et humaine du maître illustre qui, sans le savoir, a déterminé sa vocation : Antonello de Messine."
Superbe voire magnifique BD, très graphique et bel hommage au peintre qui nous emmène dans une Venise magnifiquement reconstituée. 

Come prima  
"Début des années 60. Suite à la mort de leur père, deux frères, Fabio et Giovanni, sillonnent les routes au volant d'une Fiat 500. Leur voyage, émaillé de disputes et de silences, de souvenirs et de rencontres, les conduira jusqu'à leur Italie natale, quittée depuis des années. Par bribes, le portrait de leur père se recompose et les amène à mettre en lumière leurs relations tumultueuses..."
C'est tendre et touchant, pas gnan gnan. 

Viennent ensuite : 
- La BD sur Olympe de Gouges (enfin un roman graphique)
- Une BD lue pour les besoins du boulot sur le thème de Médée : scénario Blandine Le callet.
Très chouette et dessin plutôt sympa : parfait pour les élèves (mais pas que car il n'y a pas que le lycée dans la vie !)
- Au-revoir là haut adapté en BD : superbe travail, là encore !  
- J'avais aimé me promener à Orsay avec Olympia, voici une promenade au Louvre avec Le chien qui louche de Davodeau. Une enquête autour d'un tableau disparu, sympa

Un GRAND MOMENT SURREALISTE.... mais tellement vrai !
Zaï, zaï, zaï, zaï de Fabcaro
Ou comment quand on oublie sa carte de fidélité, la vie peut devenir un enfer !!


Pas encore lues mais bientôt :  


A réfléchir : une proposition d'une ancienne élève (page 4)

Et si les réfrigérateurs ne nous servaient plus ?

http://www.lemonde.fr/cop21/visuel/2015/11/02/et-si-on-se-debarrassait-de-nos-refrigerateurs_4801641_4527432.html

mardi 2 février 2016

De nouvelles pratiques pédagogiques ?

On apprend mieux, on réfléchit mieux en marchant ! Marcher c'est créer !
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2016/01/30/apprendre-cest-marcher/#xtor=RSS-3208

samedi 30 janvier 2016

VENT DEBOUT CONTRE LA REFORME !!!!!

Je reprends le chemin de ce blog entre deux pétitions et des copies et des préparations de cours.
Quelle tristesse que de voir un gouvernement de gauche mettre à mal l'éducation nationale et les valeurs fondamentales de notre démocratie ! 
Outrée, indignée et amère, quelques liens à propos de la grève du mardi 26 et du mépris absolu avec lequel le gouvernement nous traite. 



Merci à Guillaume Erner de France Culture pour son billet clair, limpide sur la situation : http://www.franceculture.fr/emissions/lhumeur-du-matin-par-guillaume-erner/lhumeur-du-matin-par-guillaume-erner-mercredi-27